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Pour parler du dernier film de Lioret, sans dévoiler l'intrigue je dirai juste ce que Lioret en a dit. Il voulait faire un film sur ce qui se passait à Calais depuis la fermeture de Sangatte. Il est resté là bas 3 mois, il a rencontré des associatifs, des migrant-e-s et puis on lui a parlé de ces migrant-e-s qui une fois passé-e-s de l'autre côté donnent des nouvelles, et puis on lui a parlé de ces migrant-e-s qui essaient de passer de l'autre côté à la nage. Et puis on lui a parlé de ce jeune Kurde, de moins de 18 ans, qui est parti à la nage et qui n'a jamais donné de nouvelles. Et de là l'histoire est née. Qu'avait-il pu se passer dans la vie de Bilal pour l'inciter à entreprendre un tel voyage ? Qu'avait-il pu se passer à Calais pour qu'il entreprenne le passage à la nage ? et puis surtout, qu'avait-il pu lui arriver ?

De cette histoire Lioret fait un trés beau film. D'un seul coup Sangatte nous revient en pleine figure, Hortefeux n'est pas loin de notre pensée. C'est un grand coup de poing parce que tant que ces migrants n'ont pas de visage, c'est révoltant, mais il y a tant de choses révoltantes ..... et puis voilà qu'il y a un visage, une histoire, un amour et un autre amour qui lui répond de Calais et alors on atteint la dimension universelle.

Je n'aimais pas Vincent Lindon, et puis je l'ai regardé dans ce film, je l'ai écouté répondre à mes questions et je suis satisfaite. Il est bien pour ce film, il est humainement intéressant, sans être un citoyen particulièrement politisé, il est au moins un acteur qui accepte de se montrer tel qu'il est, n'essayant pas de récupérer un personnage qui n'est pas lui.« "Que faire ?", c'est la question que tout le monde se pose, commente -t-il. Mais j'ai bien une idée : tant que vous aurez comme maire quelqu'un qui dit que les migrants sont bien habillés et bien nourris, rien ne pourra changer. Il faut commencer par changer de maire. » . Les deux femmes du film sont belles, émouvantes et vraies. C'est un bon film. Un film à voir parce qu'il donne à réfléchir et qu'on se sent plus concerné-e après l'avoir vu.  « Le cinéma, ce n'est que du plastique avec des trous dedans, c'est vous, qui êtes des citoyens, des électeurs, qui pouvez faire quelque chose. Si on arrive à avoir une toute petite influence pour ne serait-ce que légèrement amender la loi (qui interdit l'aide à personne en situation irrégulière), déjà, on aura gagné ça. »