Politiquement correct !
La délégation aux droits des femmes a entamé un travail de fond sur le thème des "Femmes dans les lieux privatifs de liberté". J'avoue que le titre m'a interpellée. Lieux privatifs de liberté .... pour moi ça ce sont les prisons, mais on a un mot de vocabulaire pour cela .... y aurait-il encore d'autres lieux privatifs de liberté pour les femmes que je ne connaîtrais pas ? et bien non, il s'agit bien des prisons. Pourquoi pour un homme cela s'appelle-t-il PRISON et pour une femme Lieu Privatif de Liberté ?
Essayons de comprendre :
Les différents axes abordés sont : le traitement des femmes en prison, leurs besoins spécifiques, le maintien des liens familiaux, le respect de l'intimité et de la dignité, la sortie de prison et la réinsertion.
Le nombre de femmes incarcérées fluctue dans l'histoire, en fonction de la pénalisation ou la dépénalisation de certains délits plus spécifiquement féminins ainsi, à la fin du XVIIIème siècle, des délits liés à la pauvreté ou, plus récemment, l'avortement ou l'émission de chèques sans provision.
Le traitement est sexué tout au long de la chaîne pénale, de la garde à vue à la réinsertion. Ce traitement peut soit être au bénéfice des femmes soit à leur désavantage. Dès la phase du procès, la façon dont une femme s'acquitte de son rôle de mère est un élément déterminant dans l'appréciation du tribunal, et ensuite, lors de l'arrivée en prison, le traitement réservé aux femmes est largement conditionné par ce qui a trait à la maternité, particulièrement dans le cas des femmes enceintes et des mères accompagnées de leur jeune enfant. Cette façon de privilégier la dimension maternelle conduit souvent à ne pas proposer de formation ou d'activités à ces femmes. Il existe parfois des nurseries, comme par exemple à Fleury-Merogis, souvent citée en exemple, mais pratiquement aucune formation n'est proposée aux mères, alors que celles-ci, étant en majorité des mères célibataires, devront exercer un emploi à leur sortie de prison. Or la population des femmes détenues est majoritairement constituée de femmes désociabilisées, sans diplôme et contrairement à la population masculine, la récidive y est peu fréquente.
Les détenues perdent souvent le bénéfice de leurs droits sociaux, le placement des enfants tendant à accélérer la suppression des allocations. Les femmes détenues ayant avec elles un jeune enfant et devant comparaitre devant le juge, n'ont parfois d'autre solution que de le confier aux surveillantes ou aux autres détenues. De très jeunes mineures probablement de moins de 13 ans, sont parfois incarcérées faute d'autre solution : en effet, la prison apparaît comme le seul moyen de les extraire d'un réseau de prostitution, ces jeunes-filles fuguant lorsqu'elles sont placées en foyer. Il est choquant que l'on puisse considérer la prison comme le meilleur endroit pour sortir ces jeunes-filles de la prostitution, les juges aux affaires familiales et les éducateurs ne disposant pas actuellement d'autre option.
Voilà peut être l'explication de cet euphémisme : lieux privatifs de liberté. En effet, certaines personnes n'y sont pas à leur place, les jeunes enfants souffrent du rythme de vie imposé par la prison qui ne leur est absolument pas adapté. Les jeunes filles mineures seraient certainement mieux ailleurs, la prison ou le foyer ne sont pas des réponses à la prostitution. En ce qui concerne les liens avec les enfants à l'extérieur les difficultés sont grandes puisque si les femmes bénéficient de prisons avec cellules individuelles, elles sont plus éloignées de leurs familles, et en ce qui concerne les sans-papiers les difficultés sont insurmontables car l'établissement d'un permis de visite est subordonné à la présentation de papiers d'identité.
Ne serait-il pas plus intéressant de recourir plus fréquemment au bracelet électronique pour toutes les mères, et prioritairement pour les mères seules ? Ne pourrait-on inventer des travaux d'intérêt général sous forme d'emploi-formation ? Nous allons dramatiquement manquer de personnes dans les services à la personne, pourquoi ne pas ré-insérer ainsi les femmes ?