Femmes d'Iran !
On n'en parle plus. Comme c'est souvent le cas en France actuellement, on vibre à l'info, on s'émeut, on s'indigne .... et puis une autre info arrive et pffuit, on chasse la première. Michael Jakson a chassé l'Iran qui avait chassé le crash d'un avion, qui avait chassé Aung San Suu Kyi. Et c'est ainsi incessant. Par exemple, vous souvenez-vous de la loi légalisant de viol conjugal dans une province d'Afghanistan ? Indignation, communiqués de presse, pression des gouvernants, Obama et Sarkozy en tête et on en est où ? eh bien impossible de trouver quoi que ce soit dans la presse en français ou en anglais. Plus personne ne s'en soucie !
Alors aujourd'hui je choisis de revenir sur ces merveilleuses femmes Iraniennes qui montrent tant de courage. Plus personne ne s'en soucie et pourtant le silence en Iran est aussi assourdissant que le silence en Birmanie en son temps. Je ne parlerai pas du bien fondé de cette révolte ou de la légalité du vote ou de la légitimité de M. Mahmoud Ahmadinejad. Je refuse de m'imiscer, de juger des affaires internes d'un pays. Tant que mon pays ne sera pas un parangon de démocratie, j'estime que nous n'avons pas de leçons à donner. Par contre je veux parler de la témérité que les femmes en Iran ont montré ces dernières semaines.
La présence de ces femmes en première ligne de toutes les manifestations n'est cependant pas une surprise. Elles sont devenues la voix principale de l'opposition et une épine pour le régime Islamique. Lors de son élection, Ahmadineejad a essayé de revenir sur certains des droits acquis pendant la période Khatami, limitant le nombre d'étudiantes dans les universités et proposant des lois pour assouplir la polygamie, mettant un arrêt à toutes les subventions aux groupes de femmes et détruisant toute les recherches sur les questions de Genre.
C'est alors que commença la campagne pour un million de signatures . Il y eut alors quelques infimes concessions, les femmes obtenant le droit de se présenter à la présidentielle ( même si le Conseil des Gardiens a rejeté toutes les candidatures). Mais les sit-ins des femmes demandant des droits au divorce se sont terminés par des bastonnades sanglantes de la parts des Basijis. Des centaines de femmes ont passés ces deux dernières années en séjours en prisons, et elles ont pris l'habitudes des raids violents, des aresstations sporadiques, des emprisonnements, interrogatoires et intimidations. Les promesses de Mir Hossein Mousavi lui ont amené un soutien fort des organisations féministes Iraniennes. Ce sont toutes ces femmes qui normalement ne réclament aucun rôle en politique qui sont descendues dans les rues. On retrouve là un reflet de ce qui s'est passé en 1979 lors de la chute du Shah. Pour toutes ces femmes, le retour en arrière est impossible. Elles n'ont rien à perdre. On ne sait pas ce qu'il adviendra de cette révolte de Juin en Iran, mais une chose est sûre, les femmes en Iran ne pourront gagner des droits que si elles sont unies.