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Joe's blog
7 octobre 2008

Féminisation

La langue est le vecteur de la pensée. Lorsque la grammaire stipule que «le « masculin » l'emporte sur le féminin, il ne faut pas y voir un phénomène naturel.  Ce n'est qu'à partir du 17ème siècle, que le grammairien Vaugelas a fait disparaitre l'accord au féminin, avec pour argument que « le genre masculin étant le plus noble, il doit prédominer chaque fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble » : un positionnement idéologique énoncé clairement. ...DSCN4524

Il faut comprendre que le langage est autant une construction sociale et politique. Le fait que même si il y a une seule personne masculine dans une assemblée de femmes on emploie le masculin pluriel , implique un comportement souvent machiste. Les notions de race et de sexe sont centrales dans la structuration d'une société et d'un système hiérarchique, or si il est devenu banal de s'interroger sur la notion de race, la notion de sexe a, elle, de beaux jours devant elle. Et pourtant il s'agit là du produit d'un processus de spécification et de naturalisation sociale propre aux relations de domination et d'appropriation. Le caractère sexué et de fait sexiste de notre langue en fait une courroie de transmission de cette construction sociale qu'est le genre et par conséquent de l'oppression qui en découle. La féminisation de la langue française est un premier pas pour faire sortit les femmes de l'invisibilité que leur confère notre langue (2 Français prix Nobel de médecine. Où est la femme ?) et leur permettre de se rapproprier un moyen d'expression politique. Mais la création d'un langage neutre est essentielle et incontournable. La notion de genre doit être abolie, un premier pas vers la représentation textuelle des femmes est la féminisation au moins minimale des textes. La rédaction épicène des textes a ce but. Quant à savoir si cela alourdit les textes et pose des difficultés de lecture, les personnes qui lisent la presse féministe, en très grand nombre certainement , n'y voient rien à redire.

http://www.instances.uqam.ca/guide/guide_feminisation.html

Les blocages des gens relèvent de leur incapacité à se remettre en cause et il faut avoir la préoccupation de la visibilité des femmes à l'étape même de la conception des textes. C'est là que notre parti est défaillant, c'est à chaque fois après relecture des textes, programmes, motions qu'il faut que la commission féminisme intervienne pour faire prendre conscience que plus de 50 % de la population s'est fondu dans « les hommes ». Comme si les femmes n'étaient pas plus souvent dans la pauvreté, plus souvent victimes de temps partiels non choisis, plus souvent tuées dans les violences conjugales, plus souvent cheffes de famille monoparentale, plus souvent au chômage, plus souvent moins bien payées ........ En écrivant les textes au masculin nous nions ces spécificités.


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Commentaires
D
J'ai pensé à ton article tout à l'heure en lisant un texte d'une femme qui parlait de "chercheures" travaillant sur le comportement des bébés. J'ai trouvé l'effet de l'emploi d'un mot avec ce simple "e" rajouté pour désigner la profession d'une femme très réussi. Cela conserve toute sa dignité à la profession mentionnée, vu que phonétiquement rien ne change, mais sur le papier, on voit bien s'il s'agit d'une femme ou d'un homme. Cheftaine de famille, procureuse, metteuse en scène ou ingénieuse, ça fait bizarre, mais cheffe de famille, procureure, metteure en scène ou ingénieure, ça fait très sérieux. Et puis, se contenter de rajouter aux mots un "e" pour marquer le féminin, c'est suffisamment sobre pour qu'on s'y habitue facilement. <br /> En tout cas, je serais désormais plus attentive à cette histoire de féminin. Ce "masculin qui l'emporte" gravé dans mon cerveau par toutes mes institutrices semble tellement aller de soi, pour peu, on croirait presque que c'est naturel. Chez Freud, la femme est imparfaite du fait de son abscence de pénis, et dans la grammaire, c'est au contraire le minimalisme qui prime et toute excroissance en forme de "e" est rejetée ! Il y a de quoi crier à l'injustice !!<br /> <br /> Les hommes se font très bien à la féminisation d'ailleurs. Je me rappelle que pendant mes études, il y avait un garçon pour au moins trente filles. Ils se sont très bien habitués au fait de se faire appeler "mesdemoiselles", les professeurs se sentant tout bonnement incapables de parler au masculin devant des assemblées où la gent masculine était quasi invisible.
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